Entretien

« Le dossier électronique du patient est très utile pour les personnes atteintes d’une maladie chronique. »

Le canton de Neuchâtel réalise auprès de personnes diabétiques un projet-pilote relatif au dossier électronique du patient « Mon Dossier Santé ». Caroline Gallois-Viñas, responsable de la cellule cybersanté du Service de la santé publique du canton de Neuchâtel, évoque les premiers enseignements tirés de ce projet.


Le canton de Neuchâtel réalise auprès de personnes diabétiques un projet-pilote relatif au dossier électronique du patient « Mon Dossier Santé ». Caroline Gallois-Viñas, responsable de la cellule cybersanté du Service de la santé publique du canton de Neuchâtel, évoque les premiers enseignements tirés de ce projet.


Les premiers enseignements et les feedbacks sont très positifs. Le dossier électronique du patient est très utile pour les personnes atteintes d’une maladie chronique justement. En effet, il leur permet d’avoir une vue d’ensemble de leurs données et de leurs indicateurs de santé. Les patients se connectent régulièrement à leur dossier et l’alimente également, ce qui est très positif. Il est toutefois encore trop tôt pour dresser un bilan complet.


« Le dossier électronique du patient profitera particulièrement aux personnes atteintes d’une maladie chronique. »

Le groupe-pilote de votre projet se compose de 100 patients diabétiques. Comment avez-vous arrêté votre choix ?

Le canton de Neuchâtel s’est penché sur les opportunités que le dossier électronique du patient offre et sur les défis qu’il pose. Nous voulions être bien préparés et démarrer l’utilisation du DEP avec un périmètre restreint nous a paru essentiel. Le choix de travailler avec des personnes diabétiques s’est imposé pour différentes raisons. Le dossier électronique du patient profitera particulièrement aux patients atteints d’une maladie chronique. En effet, ceux-ci sont souvent suivis par différents acteurs. Il est donc important que les professionnels de la santé puissent se coordonner autour de la prise en charge. Le dossier électronique du patient leur offre cette possibilité.

Combien de professionnels de la santé participent au projet-pilote ?

Actuellement, nous travaillons avec une cinquantaine d’institutions et de professionnels de la santé. Comptent parmi ceux-ci deux hôpitaux, quatre établissements médico-sociaux, une organisation d’aide et de soins à domicile,11 pharmacies, 23 médecins et deux infirmiers.

Comment les avez-vous convaincus de prendre part à ce projet ?

Nous sommes en contact régulier avec les prestataires de soins de notre canton depuis le début de ce projet. Nous co-construsions ce dossier avec eux par le biais de leur faîtière notamment. Trouver des professionnels intéressés s’est fait assez naturellement même si la crise sanitaire n’a pas vraiment aidé.

Ces professionnels de la santé sont-ils déjà techniquement raccordés au dossier électronique du patient ou leur a-t-il suffi de se raccorder provisoirement pour participer au projet-pilote ?

À vrai dire, nous voulions illustrer la réalité à venir. Notre objectif était que tous les participants soient complètement raccordés. En d’autres termes, nous souhaitions une , ce qui implique le raccordement direct de leur système informatique à la plateforme DEP. Mais, cela n’a pas été aussi simple et rapide que prévu. Le raccordement et le réglage du système informatique sont complexes pour les institutions et les professionnels de la santé. Jusqu’à présent, seul l’hôpital cantonal de Neuchâtel (Réseau hospitalier neuchâtelois RHNe) a procédé à un raccordement « en profondeur ». D’autres institutions sont sur le point d’y arriver. Les participants restants accèdent à Mon Dossier Santé par le portail web. Cela nous permet de pouvoir comparer et évaluer les deux modes de connexion.

Le raccordement technique occasionne certaines charges pour les professionnels de la santé. Qu’en est-il après ? Les charges restent-elles élevées ?

La charge de travail lié à l’utilisation de Mon Dossier Santé reste limitée dans le cadre du projet-pilote puisque nous avons décidé de limiter le nombre de dossiers à cinq par professionnel de la santé. Lorsque les systèmes informatiques des professionnels seront raccordés à la plateforme DEP, l’utilisation sera plus simple et rapide.


« Les professionnels de la santé soutiennent notre projet et collaborent bien. »

Comment les professionnels de la santé réagissent-ils au projet-pilote ?

Les professionnels de la santé soutiennent notre projet et collaborent bien et ce, même s’ils avaient bien d’autres préoccupations au cours de ces derniers mois avec la pandémie COVID. Nous leur adressons nos sincères remerciements.

Les professionnels de la santé peuvent-ils facturer les dépenses qui résultent du projet ?

Non, comme nous l’avons indiqué nous avons volontairement limité le nombre de dossiers pour ne pas surcharger les professionnels. Un forfait symbolique de 20 francs par patient inscrit est cependant attribué pour récompenser le travail de promotion fait auprès de la patientèle.

Parlons un peu des patients. Comment les avez-vous sensibilisés au projet ?

Via leur médecin de famille. Par ailleurs, nous réalisons des séances d’information deux fois par mois. Les personnes intéressées reçoivent de l’aide lors de l’ouverture du dossier.

Avez-vous déjà reproduit les conditions réelles ? Les patients ont-ils déjà eu besoin d’une identité électronique ?

Oui. Lors de l’inscription nous créons également l’identité électronique du patient afin que les patients puissent accéder rapidement à leur dossier. Cela prend un peu de temps et n’est pas toujours aisé mais, moyennant un peu d’aide, tout a bien fonctionné pour les patients participants.

Quels commentaires recevez-vous des patients ?

Les commentaires sont très positifs. Pour les personnes diabétiques, il est indispensable de pouvoir accéder à leurs données de santé. Mon Dossier Santé est l’outil qui répond à leur besoin. Leurs données de santé sont centralisées, facilement accessible et en sécurité.


Il est encore trop tôt pour procéder à une analyse exhaustive. Avez-vous cependant déjà pu tirer de premiers enseignements ?

Il est effectivement trop tôt pour réaliser une analyse exhaustive. Ce que nous avons pu remarquer est que l’inscription est une étape fastidieuse à la fois pour les patients et les professionnels de santé. Un accompagnement est essentiel. L’utilisation est par contre facile et appréciée, ce qui est plutôt prometteur.

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